Bilan. Les jours se rallongent, les jupes se raccoursissent. Bien. Et alors ? Moi, c'que j'en vois dans tout ça, c'est que je peux réentendre les oiseaux chanter, et les moteurs des tondeuses s'agiter. Un sentiment de déja vu m'envahit à chaque senteur délicate de pollen, à chaque craquement du bois par la chaleur du printemps, à chaque bouchée dans un quartier de pomme bio. Le soleil est là, ce n'était pas trop tot. Alors comme dans mon plus cauchemard, je me plais à m'imaginer à courir dans les champs qui me font éternuer, mais tant pis. Cueillir un coquelicot d'une main frêle, comme celle d'un enfant. Construire des cabanes, comme avant, y manger son gervais, avec les doigts, naturellement. Descendre le lotissement, une bouteille d'eau à la main, arrosser son voisin, puisqu'on était inconscient. Ne porter qu'une robe légère en coton, pas d'chaussures, pourquoi faire ? Mon plus beau cauchemard, parce que ma cabane a été brûlée, à la place des champs et des coquelicot, on a planté des pavillons, l'eau est devenu l'or bleu, et ma robe est à la poubelle.

Alors, je vais me rendormir, et cauchemarder encore une fois.

{ EZ3kiel ♫ Mon plus beau cauchemard }